Revue d’opinions internationales sur le bureau post-COVID19
La crise sanitaire Covid-19 a eu un impact universel sur le monde du travail avec une grande partie des employés au chômage partielle et une autre en télétravail. Le flex-office fut l’un des secteurs les plus impactés et a notamment vu sa clientèle diminuer en raison de l’incertitude quant à leur sécurité au sein des espaces de bureau. Avec la généralisation du télétravail, aux quatre coins du globe, beaucoup d’analystes et de spécialistes de milieux variés (économie, immobilier, emploi) considèrent que la crise a accéléré l’évolution du monde du travail et des bureaux. Cependant, les nombreux avis divergent quant à la manière dont cette évolution va se poursuivre. Nous vous proposons de croiser ici les différents opinions pouvant circuler sur ces sujets dans la Presse anglophone.
Coworking et flex-office
Pour les espaces de coworking et entreprises du flex-office, l’opinion générale, établie dans Business Insider, est que le marché évolue en trois temps :
- A court terme, une crise contre laquelle certaines entreprises ne peuvent lutter : plusieurs cadres d’entreprises de flex-office racontent par exemple que les clients évitent de signer des contrats à long terme, doutant de la fiabilité de leurs partenaires.
- A moyen terme, une restructuration de l’offre des entreprises qui ont tenu durant la première phase de crise : mise en place de services de bureaux virtuels pour récupérer le courrier, un nettoyage des bureaux plus efficace et plus régulier, etc. Pour Jamie Hodari d’Industrious, cette période transitoire n’apportera finalement que peu de profits.
- A plus long terme, une reprise et croissance du marché : les entreprises clientes recherchent une plus grande flexibilité passant par la décentralisation. Ce besoin de redistribution géographique sera satisfait par le flex-office et le coworking. Certaines sociétés iront jusqu’à utiliser les services de plusieurs prestataires ayant leur propre aire géographique, selon David Wong de la plateforme de flex-office Booqed.
Non seulement le coworking et le flex-office répondent à ce besoin de flexibilité mais ils se présentent également comme des alternatives plus saines au télétravail qui a été finalement adopté en panique. En effet, selon la majorité des psychologistes, le télétravail, surtout forcé par la situation de crise sanitaire, présente certes certains avantages mais également quelques effets néfastes en raison du manque d’interaction sociale significative que cela entraîne. Ainsi, le coworking et flex-office permettraient de satisfaire non seulement le besoin de socialisation mais aussi un networking de meilleure qualité. Suivant ce modèle, selon Dane Stangler, directeur de Shuttlecock Consulting et membre de plusieurs Think Tanks économiques, le télétravail ne serait réellement efficace qu’en complément du flex-office.
Une nouvelle topologie des bureaux
D’après Niall Patrick Walsh, designer pour DBP et contributeur de ArchDaily, deux scénarios se profilent quant à l’avenir des bureaux :
- L’adoption croissante du flex-office et/ou du télétravail comme modèle de fonctionnement conduirait à des espaces de travail plus flexibles, propices à une plus grande productivité et permettant de réaliser quelques économies de bien des façon notamment en limitant les coûts de déplacements professionnels. Cependant, Darren Comber de la firme Scott Brownrigg a émis quelques doutes quant à la sécurité et la fiabilité de ce type de modèle, qu’il considère face à l’épidémie, comme facilitant en définitive la transmission du virus.
- La naissance d’une nouvelle topologie pour les bureaux qui résulterait en la diminution en masse du personnel présent sur place. Cette hypothèse se base cette fois-ci sur des changements radicaux de topologie qui ont pu être opérés dans les entreprises des technologies de l’information : par exemple, l’open-space qui était le modèle de prédilection, est à présent très critiqué pour ses effets néfastes sur la santé des employés, ou encore les lieux de travail mêlant travail et loisir qui ont pu se développer à partir des années 2000.
Des propositions ont déjà été proposées et mises en place, s’appuyant sur cette deuxième perspective. Gable Clarke et Janet Pogue McLaurin, qui travaillent pour des firmes d’architecture internationales, ont par exemple proposés plusieurs éléments pour “désintensifier” le bureau et offrir une meilleure protection sanitaire : des couloirs plus larges à sens unique, une meilleure filtration de l’air, un accès sans contact, etc., et l’arrivée d’un agent de sécurité sanitaire en charge du bon respect des mesures sanitaires a également été proposé. Un autre exemple serait “The Six Feet Office” de Cushman & Wakefield, firme immobilière cette fois-ci. Celle-ci a ainsi mis en place un système de bureau “structuré” de sorte à ce que les règles de distance américaines (6 pieds, soit moins de 2 mètres) soient respectées dans le placement des postes de travail mais également dans les flux de déplacements.
Télétravail
Les entreprises ont majoritairement adopté le télétravail afin de poursuivre leur(s) activité(s) et selon le groupe Gartner, environ trois quarts de ces entreprises continueront à utiliser ce modèle pour au moins 5% de leurs employés. Malgré les doutes des entrepreneurs et des psychologues quant à la viabilité du télétravail post-COVID, certaines personnalités comme le psychologue Adam Grant et l'investisseur Warren Buffett pensent quant à eux que le télétravail restera de mise suite à la crise, et que de nombreuses entreprises, qui autrefois étaient quelque peu réticentes et sceptiques quant à cette méthode de travail, sont aujourd’hui séduites et convaincues de son efficacité.
Les adeptes du travail à la maison considèrent également certains inconvénients, souvent reprochés au télétravail, comme bénins ; c’est le cas par exemple des interruptions causées par la famille qui ne sont in fine qu’un dérangement mineur. Le défaut majeur du télétravail, que représente l’isolation sociale, demandera en revanche un certain travail de la part des dirigeants afin de nouer et resserrer les liens au sein ou entre équipes. Adam Grant, lors d’une interview pour le site du World Economic Forum, décrit par ailleurs certains employés parlant de leurs enfants, comme formant des connexions personnelles.
👉 Nos sources :
Une crise à court terme mais des tas d'opportunités à long termes: économistes, espaces de coworking
Forbes :
Here Are Three Reasons COVID-19 Makes Coworking Spaces Even More Important, Forbes
SocialWorplaces.com - Interview de Cécile Peghaire, Bureaux à Partager :
Coworking is gradually gaining parts of the regular office market in France, SocialWorkplaces.com
Et pour le Flex-office ?
Business Insider :
10 real-estate insiders lay out the future of flex-office, and how employers are preparing now
Arch Daily :
Is Coronavirus the Beginning of the End of Offices?
La vision des entreprises
World Economic Forum :
COVID-19: Is this what the office of the future will look like?
Cnbc.com :
After coronavirus: The office of the future is the office of the past
Cushmanwakefield.com :
6 Feet Office | Designing new office spaces to respond to COVID-19 | Netherlands
Le Télétravail
Gartner.com
Gartner CFO Survey Reveals 74% Intend to Shift Some Employees to Remote Work Permanently
World Economic Forum - Interview d’Adam Grant, psychologue organisationnel :
This is how COVID-19 could change the world of work for good
Psychologicalscience.org
APS Backgrounder Series: Psychological Science and COVID-19: Working Remotely
Divers
Vox.com
How coronavirus could change your office space and remote work from home
Yahoo finance :
Warren Buffett: Demand for office and retail space may drop 'fairly significantly'